Maroc - Les déboires

Page spéciale : Les déboires d'Enfants Solidaires - "Des enfants qui aident les enfants" - au Maroc

 


Après avoir été immobilisé, racketté, isolé, fouillé, scanné, contrôlé et re-contrôlé pendant 11 jours,


Après avoir fait "80 000 démarches dans 80 000 bureaux et 80 000 Km à pieds"


                        le camion d’Enfants Solidaires...


prié de rentrer chez lui avec sa cargaison de jouets et vêtements offerts par des enfants de France pour les enfants marocains !

 

Nous aurions pu le prévoir pour éviter de dépenser plein d’argent, n’est-ce pas ?


 

Mais voici les faits :



1. 05 Avril : Première liste (type) de colisage envoyée a l’association partenaire au Maroc, et aux commissionnaire / transitaire en douane à Tanger

 


2. 11 Avril : Tél l’ambassade du Maroc pour expliquer et demander de l’aide et des conseils à – Doit me rappeler.


 

3. 19 Avril : Un "quelqu’un" de l’ambassade me rappelle pour me dire : "le mieux est de voir avec un transitaire" … Merci, je n’y avait pas pensé !



4. 12 Mai :  liste de colisage validée par les douanes envoyée a l’association partenaire au Maroc et aux transitaire, commissionnaire et agent en douanes à Tanger,


 

5. 12 Mai : Départ de Poitiers du camion,


 

6. 19 Mai : Confirmation au transitaire de l’arrivée du camion à Tanger le 23 Mai par téléphone,

 


7. 23 Mai : Dans le bureau de l’ordonateur – le grand patron du port – surprise totale pour moi :


Interdiction formelle d’importer des vêtements d’occasion au Maroc,


 

8. La seule toute petite chance d’y déroger est d’obtenir une attestation par une association fortement reconnue d’utilité publique ici… que bien évidement j’interroge : Délai entre 2 semaines et 3 mois, donc pour être sûr "comptez 2 mois" me dit-on !


 

Donc Depuis Avril et bien avant le départ, tout le monde est au courant que le camion d’enfants Solidaires transporte des jouets, vêtements et fournitures scolaires, le tout d’occasion.

Extrait de la liste de colisage envoyée

Plutôt étrange :



Suite à des contacts téléphoniques ailleurs qu’au Maroc, j’ai deux ouvertures très intéressantes pour probablement résoudre l’ensemble des problèmes avec – en cascades de contacts – des gens très hauts placés dans le pays.


Il me faut préparer un topo de ce qui c’est passé ces jours-ci, de la situation actuelle et bien sûr expliquer le projets et ses buts pour l’envoyer par mail.



Le téléphone avec mes contacts passe très mal, mais je n’en préoccupe pas plus que cela. Au moment d’envoyer les mails :  "Connexion impossible"



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(Parenthèse

Le temps presse. Je dois me rendre à un RDV avec un des grands de cette douane. Cela ne donnera rien de plus : la réponse est toujours la même – Habits interdits.




La ou les raison(s) ?


"La sécurité et les risques sanitaires… Avec malheureusement toutes les maladies dans ce monde, comme vous savez Monsieur… les virus etc. le sida… nous devons prendre des précautions...


Et puis cette réglementation était là lorsque je suis arrivé, donc je l’applique."




Braves gens faites attention à vos habits – Le sida se propage aussi avec un T-shirt !


"Vous pouvez essayer de demander une autorisation à la Chambre de Commerce de Rabat – Difficile mais pas impossible ! "



Tiens, tiens ! Si je comprends bien... si j’ai une autorisation… si je paye forcement des trucs et des bidules et des machins… nos habits ne seront plus atteints de maladies infectieuses ?



Bref, quelques minutes plus tard, c’est dehors… très poliment, bien sûr.

Parenthèse fermée)




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Retour au camion pour s’occuper des choses sérieuses : Les mails importants pour la suite.


Toujours pas de connexion !


Retour à la gare maritime : pas de connexion


Je vais jusqu’à la cafeteria à l’autre bout du bord – 4 bons km à pieds : pas de connexion


J’interroge discrètement des clients : pas de problème avec la connexion…


Retour au camion pour tenter une dernière expérience : connecter mon vieil ordi qui ne fonctionne plus vraiment : J’aurai une possibilité de me connecter car le panneau de connexion s’affiche normalement..


Il faut se rendre à l’évidence:


Le téléphone n’est plus tout seul,

(mon adresse IP) donc mon ordi est bloqué ! 


Coupé du monde extérieur !



Peur que des hauts fonctionnaires regardent de près ce qui se passe ici ?



Je rappelle qu’Enfants Solidaires - au travers de partages, d’échanges de jouets et autres petits cadeaux - propose aux enfants de réfléchir sur la construction d’un monde plus équilibré… c’est tout !



Mais peut-être que pour certains adultes - fortement imprégnés par l’instinct de propriété - le fait que les enfants puissent être plus intelligents qu’eux pose un grave problème, voir un danger pour leur avenir qu’ils tracent égoïstement, mais méticuleusement et méthodiquement de jours en jours.



Plus aucune autre chose à faire que celle de se résigner au retour avec les cadeaux.




Mardi 30 Mai 2017


Commence alors un véritable parcours du combattant – pour la paix ! - avec une sorte de course contre la montre car le prochain bateau pour la France, c’est Vendredi !


Je dois donc signer un document qui dit que je suis d’accord… pour être foutu dehors (grosso modo c’est cela)

Mais voilà, je ne suis pas marocain et ma signature faite devant l’officiel, qui a mon passeport en main avec ma photo et ma signature, n’est pas reconnue. Je dois la faire "légaliser" par l’ambassade de France à Tanger.


30 Km, pas de bus, pas de train, reste le taxi – c’est parti pour un transitaire de la ville qui certifie le document et le bureau de l’ambassade – ouvert de 11 h à 12 h ! - qui légalise ma signature en échange d’une petite facture de 159 Drh, plus 600 de taxi.



Je vous passe tout le reste jusqu’à la cerise sur le gâteau :


Je dois importer la marchandise sans l’importer - puisque je n’ai pas le droit - tout en l’important car sinon je ne puis la ré-exporter vers l’Europe, et donc pas sortir d'ici...



Vous n’avez pas compris ? c’est normal ! Moi non plus…

                                                              C’est juste "c’est comme ça monsieur" .. Ah bon !




Dans la zone de scanner et contrôle de douanes, je vais passer plus de 32 heures quasi non stop :


1er scanner

1ère visite de douane – ouvrir, sortir quelques cartons, contrôler, vérifier la liste de colisage, etc..

Pose de deux scellés pour verrouiller la remorque.


2 heures environ plus tard, alors que j’attends mes papiers :


Monsieur, au scanner.

Ben, j’en sors ! Oui, mais il y a contre-scanner – Défaut système… Ah bon !


Refaire la queue, attendre, entrer, sortir, retourner dans la zone de contrôle


2ème scanner

2ème visite de douane

Ben, il y a déjà des scellés sur la remorque ! Pas grave, on va les couper… Ah bon !

Et rebelote :  ouvrir, sortir quelques cartons, contrôler, vérifier la liste de colisage, etc..

Pose de deux scellés pour re-verrouiller la remorque.


3ème scanner

                               Encore ? Oui, tu dois retourner au scanner.


Heu, je viens d’en faire 2… oui, mais nous avons ouvert, alors il faut en refaire un...


Il y a des moments dans la vie ou il faudrait pouvoir travailler à l’Académie Française pour inventer des mots car ils ne suffisent plus !


Nous somme vendredi, il est 3heures 20 du mat et je sors en direction de l’embarcadère après avoir passé 32 heures et des brouettes dans ce foutoir de camions, de fourgons, de klaxons, d’engueulades pour les places, de surveillances pour ne pas s’en faire gratter... et de bidouilles pour en gratter quelques-unes quand même… Soyons honnêtes !


En sortant de la zone scanner, un planton m’arrête. Monsieur, il est plus que minuit et tu dois aller payer le parking pour aujourd’hui !


Discutions, palabres, humanitaire, la seule autre solution c’est " le café " (petit billet, si vous préférez !) Alors, comme cela se fait discrètement et même si tout est éclairé, à 3 heure du mat, il fait sombre, je lui glisse un petit billet plié dans la main

Un billet de 10 Hryvnia (Ukraine) qu’il va pouvoir accrocher dans sa chambre en souvenir car bien évidement personne ne va lui changer...   Salutations du petit Françaouis :) C'est comme ça qu'ils m'ont appelé




Reste à S’occuper du billet retour


Pas simple dans ce dédale que certains chauffeurs n’appellent pas Tanger Med (son nom) mais Tanger Merde ! ÇA veut tout dire.


Le transitaire propose Tanger – Sète pour 2 300 dirhams – Environ 2 100 Euros.

Je tourne en rond dans la gare maritime et fini par trouver un billet à 1 100 euros.


Départ vendredi vers 22H30 avec une fouille exemplaire juste avant d’embarquer.


Heureusement personne ne voit les deux coupures dans la bâche sur le toit de la remorque par lesquelles des clandestins espéraient rentrer pour aller en France.


Mais lorsque je l’ai construite, connaissant bien le problème des passages illicites, j’ai tout grillagé. Les côtés, la porte arrière et le toit. Ouf, parce que là j’aurai été plus mal. Je n’ose y penser : retour au contrôles, scanner, visites de douanes etc .. et bien sûr billet de bateau perdu !


Pour sortir en France, le petit camion sera le bon dernier à sortir du bateau, après les voitures et les fourgons, et le dernier à passer aux contrôles…


Nous pourrions penser que ce soit le contraire, que notre petit camion sorte le premier, soit un peu considéré, un peu respecté compte tenu de ce que nous faisons pour les enfants du monde ! Ben non !


Après explications aux douanières de service, elles vont être sympa (et écœurées) et je sors sans aucun problème.



Direction le Portugal où des enfants d’un orphelinat nous attendent !


Philo du jour !


Pour la petite histoire, en France les étrangers que l’on renvoi chez eux ne paient pas l’hôtel, le parking et repartent en avion ...


Enfants Solidaires, au Maroc, paie

les parkings,

les frais de douanes,

les frais de contrôles,

les passages à quai pour les visites de douane,

les scanners,

les transitaires,

les déclarants en douane,

les légalisations de signatures

et bien sûr son billet retour !

pêle-mêle

Côté Français : Tout le monde passse avant le petit camion d'Enfants Solidaires...


Même un agent de police sur le port avec qui je vais discuter un bon moment va finir par me dire, avec son bel accent du Sud :


"Sans déconner, c'est quand même pas normal. Vous devrier passer comme une lettre à la poste et le premier !"


Ben oui ! C'est bien mon avis :)

Tranquille pour sortir... Tout le monde est parti !

Pas de chance, il commence à pleuvoir... Une réparation provisoire de la bâche s'impose

Il y a des pays comme ça, qui depuis qu’ils ont découvert les procédures ont du mal à s’en passer...

Poser des sceller sur les portes arrière… OK !

Mais sur le châssis du camion… j’ai beau chercher, je n’en vois pas vraiment l’utilité !

Côté finances...

Un grand merci :


Laurent Hervé, PDG des transports Grégoire Galliard à Sens qui nous a offert 1 000 litres de carburant.


Dario qui vit en Suisse et nous a aidé financièrement pour ce voyage – Sans son aide, le camion serait peu-être encore sur le port.


Pierre Coste, Assur-Facile à Sens qui nous a assuré le camion et la remorque.


Et merci à toi mon pote, pas riche du tout, qui garde toujours l’anonymat, mais toujours présent lors

des coups durs pour prêter un peu de blé !



Reste à trouver de l’argent, faire des soirées, vendre des photos, vendre des livres pour rembourser.